samedi 29 octobre 2011

L'autopsie de Wilson (2)

La nouvelle rendit Judith-Zohra aterrée. A peine qu'elle s'assit sur son lit, elle s'effondra et, bien que ce n'était pas dans sa nature, sanglota à chaudes larmes. Malgré toutes les précautions prises par Wilson, il a été tué. Pourquoi l'éliminer pour une question d'un vieux manuscrit sacré révélant un des grands mystères des Borghoitas ? D'autant plus qu'elle se trouva impliqée dans cette histoire sans en mesurer les conséquences. Après les pleures, elle s'endormit.

La matinée, Judith-Zohra reçut un appel de Michael.

-Je suis désolé pour la nouvelle. Je viens d'avoir plus d'informations il y a peu et je compte sur ta discretion.
Tu peux me dire comment il a été tué ?

-En fait, le meurtre a eu lieu dans la câle des véhicules d'un ferry reliant Tanger à Tarifa. Wilson a reçu une balle dans son dos et des traces de lutte sont visibles. Le ferry portant pavillon marocain et le corps retrouvé dans les eaux territoriales marocaines, ce dernier a été transporté à la morgue de l'hôpital de la ville. Dès que possible, je te transmets le rapport de son autopsie.

Judith prétexta une forte fièvre pour ne pas venir. Elle resta toute la journée dans sa chambre sur son lit attendant un email de Michael avec le rapport. Pour tuer le temps, elle regarda les photos de son séjour au Maroc lors de sa mission : paysages, durant la formation qu'elle prodiguait, avec les participants et quelques responsables, sans parler des photos avec sa famille lors d'une virée à un grand centre commerciale qu'elle a cru venu tout droit des USA. Elle tomba tout à coup sur une photo d'elle avec Wilson dans un site de fouille à Chellah, là où toute cette malédiction a commencé.

Une alerte sur le smartphone sonna. Ce devrait être le message et sa pièce-jointe tant attendue. Elle l'ouvrit et commença à le lire attentivement, l'ordinateur portable sur le lit et ventre bas.

-Bonne lecture et ne dis à personne à propos du document.

D'après le rapport, la mort de Wilson daterait il y a moins de 24 heures. Une balle de 9 mm a pénétré son dos et atteint son poumon droit. Cependant, une trainée de sang dans la câle où sont stationnés les véhicules indiquait qu'il a pu bougé malgré sa blessure. Des cellules épithéliales dans ses ongles et traces de bleus dans certaines zones de son corps indiquaient qu'il s'est défendu contre un ou plusieurs assaillants. Des tests ADN pourraient permettre de déterminer l'identité des meurtriers à condition qu'ils soient dans la base de données.

Quelques jours plus tard, le corps de Wilson fut rappatrié à New York. Après la célébration funéraire auquel Judith-Zohra répondit présente, Wilson a été enterré selon sa volonté à côté de son père dans la tombe familiale des Defoe. Une personne parmi l'assistance attira l'attention de Judith-Zohra : à la fin de la quarantaine, cheveux blancs et courts, visage ferme mais serein et une forme athlétique dans un costume noir enveloppé d'un impérméable éponyme. Tout le monde le saluait avec respect et il a même pris la peine de parler et d'accompagner les parents Defoe. Sans doute le célèbre mécène Walter Bensousan.

A la sortie du cimetière, Judith-Zohra marcha vers la station du bus à destination de Central Park. Soudain, une longue limousine noire passa à côté d'elle et s'arrêta. La fille, prenant quand même ses garde, fit semblant ignorer le véhicule. La fenêtre teintée électrique déscendit et une voix surgit :
-Mademoiselle Cohen ? Judith-Zohra Cohen ?

A suivre...