samedi 6 novembre 2010

Les documents découverts de Berghouata

Juidth-Zohra fut révolté par l'attitude de Wilson. Mais elle préféra entendre les explications de sa propre bouche. En attendant, elle déscendit dans le café et prit son petit-déjeuner en attendant Michael. Elle regarda en face d'elle le mouvement du va-et-vient du flux des gens allant vers leur travail ou leurs écoles. Un air du déjà-vu qu'elle verrait mais en plus grand. Elle a effectué sa mission, a pu revoir sa famille et faire quelques tours. Elle s'estima comblé. Soudain, un appel cassa sa pensée. Il fut anonyme mais elle le prit, pensant qu'il s'agirait de Wilson.

-Allo, Jeezee ! C'est Wilson
-Enfin ! Est-ce une façon de me poser un lapin ?
-Désolé mais c'est très grave. D'ailleurs, je suis derrière toi dans le même café.

Surprise, elle se tourna la tête vers l'arrière et vit un Wilson caché au fond, l'air très inquiet. Ses doutes s'avéraient justes.

-Désolé pour ça, mais je suis menacé et personne ne peut m'aider.
-Attends, que veux-tu dire là ? Tu vas quelque chose ?
-Arrête de jouer au détective et laisse-moi parler. Car ma vie est en jeu et c'est en relation avec les travaux que nous effectuons.

Judith-Zohra se demanda si Wilson tomba nez à nez avec des trafiquants des oeuvres archéologiques.

-Cela fait une semaine qu'une découverte majeure a été faite dans notre zone de fouille, au dessous d'un mur de fortification. On y effectuait des travaux d'excavation quand soudain nous sommes tombés sur une boîte en bois orné enveloppé d'une nacelle enterré. Nous nous sommes demandés sur son contenu puisqu'il était hermétiquement fermé. La petite caisse a été transportée au laboratoire du musée d'archéologie de Rabat pour analyse. Lors de l'ouverture de la boîte, des lettres et manuscrits ont été découvertes et seraient rédigées entre 10ème et le 12ème siècle. Mais 2 choses risquent de rendre cette découverte unique : elles furent rédigées à l'époque du la mystérieuse Principauté de Berghouata et surtout on a eu la preuve matérielle de l'existence de leur mythique version du Coran écrit en berbère.

Ce que Wilson a dit renda Judith-Zohra perplexe. L'Histoire ne fut pas sa tasse de thé durant sa scolarité. Alors parler d'une principauté que même les marocains n'savaient ou rien ou très peu releva de la science-fiction.

-Alors, où est le problème ? Ce devrait être plutôt un découverte importante pour le pays.
-Oui, mais à partir de l'instant où on a pu connaître la nature des manuscrits, des évènements étranges se sont passés...

Wilson, asséché, prit une gorgée d'eau et continua à parler.

-Les travaux de fouilles dans notre site est un fruit de collaboration entre notre université et le musée d'archéologie de Rabat. Walter Bensousan, un industriel et philantrope américain dont ses ancêtres étaient venus du Maroc vers le début du 20ème siècle fut notre donateur principale. A l'annonce de la découverte, il se déplaça lui même afin de la voir. Il exprima son désir de financer les travaux de restauration des manuscrits et sa présentation au public. Le lendemain, tout à coup, l'offre du financement du philantrope a été refusé et les travaux ont été suspendus. La direction du musée n'a pas voulu fournir d'explications et a décidé de confisquer les manuscrits alors que nous y travaillons encore. Heureusement que la partie américaine a numérisé les documents par un procédé évitant d'abimer le support, dont je détiens une copie. Hier, après notre rencontre, je suis revenu à mon appartement. A mon retour, j'ai trouvé la porte forcée. J'ai cru à un cambriolage et j'y suis entré. Malgré le désordre causé par les intrus, seul mon ordinateur portable a été volé. Ce qu'ils ne savent pas est que c'est modèle qui ne dispose pas de disque dur puisque nous travaillons en cloud. Pour la sauvegarde, j'ai toujours ma clé USB de grande capacité. Cela veut dire qu'ils vont me chercher. J'ai contacté l'ambassade pour la protection consulaire mais je ne peux pas faire confiance à eux. Alors tu es mon dernier recours.

Judith-Zohra ne sut quoi faire. Les bagages étaient prêts et elle prendrait l'avion du lendemain soir. Alors, des tracas étaient la chose qu'elle avait le moins besoin. Mais si cela cachait quelque chose de grave ? Il fallait prendre une décision.

-Que puis-je faire pour toi ?

Il sortit une clé USB rétractable couleur rouge et plutôt banalisé.

-Je te laisse cette clé USB ainsi que le code de décryptage pour lire les documents. J'ai déjà ma copie. A ton retour, tu confies les informations à un expert en civilisation orientale du Smithsonian Museum, Pr. Simon Maalouf.

Il se leva brusquement compléta : "Je prends la route vers l'Espagne ce soir. Je te rappellerai là-bas. Fais attention à toi." Avant que Judith-Zohra réagisse, il disparut. Même pas une minute, Michael apparit.

-Désolé pour le retard
-On n'y part pas. Il faut suivre Wilson. Il vient tout juste de sortir. Vite.

Elle se leva vite devant l'étonnement de Michael et sortit du café. Wilson a disparu.

Suite...

dimanche 5 septembre 2010

Vie normale...et Wilson

Après un week-end de retrouvaille avec la famille lors du Shabbat et après avoir effectué dimanche matin un hommage à sa défunte cousine Ruth au cimetière israélite en plein quartier populaire, Judith-Zohra retourna à Rabat avec Michael.

-Alors, comment ça s'est passé le repos sabbatique ?
-Au moins, j'ai eu l'occasion de revoir la famille et les amis. Ce n'est pas tous les jour qu'on peut faire ça, surtout avec un temps de travail chargé et imprévisible et le prix exorbitant du billet d'avion. Surtout, c'est la première fois depuis longtemps que j'observe le chabbat, de la part d'une scientifique à la limite agnostique, disait-elle avec un sourire.
-Veinarde va ! J'avais un rendez-vous avec une fille qui travaille dans le consulat américain de Casablanca hier soir dans un restaurant. Puis, je découvre qu'elle a été accompagné par son mari marocain. Ça s'est bien passé mais j'avais la honte.Une malchance !
-Depuis qu'on se connait, je me demande sur ton attirance à toute fille qui soit elle est fiancée ou mariée. Ton cas est grave on dirait. Ricana-t-elle.
-Bon, j'arrête ! Fulmina Michael. Tu connais l'expression "Interdit de parler au machiniste"? C'est maintenant ! Point barre !

Pour une fois que cet humour noir fasse rire l'experte médico-légale, c'est plutôt bon signe.

Le lundi, Judith-Zohra commença son travail. Durant les six mois, elle enseigna les dernières méthodes en matière d'investigation scientifique ainsi que les techniques médico-légales. Son auditoire était suspicieux au début suite à des bruits prétendant que Judith-Zohra Cohen serait israélienne à cause de son nom. Le premier jour, devant les bénéficiaires de la formation, elle repliqua :
Vous avez mon nom. Vous pouvez faire une recherche sur Internet pour lire mes publications sur la médecine légale et la criminologie. Je suis avant tout une marocaine et fière de l'être tout comme le fait d'être américaine. N'hésitez pas à me demander si vous avez une question et je n'ai pas de secret à cacher.

Nous n'étalerons pas sur la suite. En général, la formation et les travaux pratiques sur le terrain a permis aux agents et aux experts des laboratoires scientifiques de la Police et la Gendarmerie d'améliorer leurs méthodes d'investigation. Judith-Zohra n'eut pas le droit d'intervenir dans les enquêtes mais on pouvait lui demander des conseils techniques. La formatrice n'hésita même pas de faire appel à des collègues à Cuppertino via video-conférence dans des questions techniques complexes.

A part le travail, la vie privée de Judith-Zohra consistait de passer Chabbat avec la famille. Elle évitait de parler de son travail à son entourage, disant tout simplement qu'elle était médecin généraliste. Quand le temps le permettait, elle faisait une virée avec quelques amies qu'elle garda contact. Les premiers jours, elle fut hébergée dans un hôtel le temps de lui trouver un hébergement. Ensuite, un appartement lui a été alloué à Agdal. Elle avait comme consigne de prévenir son supérieur et son collègue Michael de ses déplacements hors travail et d'être la plus discrète possible. Les soirées, elle restait dans son appartement travaillant sur son séminaire, corrigeant les copies des participants et un compte-rendu de sa mission. A ne pas oublier qu'elle était une accro au travail.

Arriva la fin de la mission de formation. Dans la salle de formation et en présence de plusieurs responsables, Judith-Zohra remercia tous les participants pour leur attention et remit à chacun son certificat. Plus tard, une collation a été organisé en son honneur. Cependant, elle n'y resta pas longtemps et a parlé brièvement à quelques personnes de l'attendance. Elle fut en période de règle. Alors Michael l'accompagna vers son immeuble et la laissa à l'entrée. Pendant 3 jours, elle ne sortit pas de son appartement et Internet et la télé étaient les seuls liens avec l'extérieur. Heureusement que le frigo fut plein.

A l'antenne du FBI à l'ambassade américaine, un toast fut organisé à l'honneur de Judith-Zohra Cohen. Elle devait retourner à New York dans quelques jours. La petite fête fut simple et conviviale et même le second de l'ambassadeur fut présent. Pas la peine de s'y attarder. Le soir, alors qu'elle rédigea son rapport, sa messagerie électronique l'informa de la venue d'un nouveau message. Elle l'ouvrit et trouva ceci :

Salut Judy,

C'est Wilson, ton ancien camarade de la classe au lycée. Le type intello mais gaffeur. On m'a informé par le biais d'un ami à l'ambassade que tu quittais le Maroc. Si je savais que tu étais ici depuis longtemps, je t'aurai appelé avant.

Actuellement, je travaille dans une mission archéologique au site de Chellah, pas loin de Salé. Très interessant mais dur devant l'état de délabrement de certains monuments et le problème recurrent des chasseurs de trésor qui nous bousillent le travail. En tout cas, on discutera de ça et de nos parcours autour d'un café.Réponds-moi le plus vite possible.

Sincèrement.

Wilson

Le lendemain, ils se rencontrèrent dans un café au dessous de l'appartement de Judith-Zohra. Elle prétexta devant lui sa présence par le fait qu'elle a animé une formation médicale au profit des femmes pour l'USAID. Quant à Wilson DEFOE, après le lycée, il s'est déplacé à Boston afin d'étudier la linguistique et plus tard l'archéologie à l'université où il a obtenu la doctorat. Ayant participé dans plusieurs missions dans le monde, celle du site archéologique de Chellah fut la dernière en date.

-Ainsi, tu nous quitte. C'est vraiment triste.
-En effet, j'aurais aimé aller au Nord visiter Chaouen et même aller en Espagne. Mais bon, je ne suis pas en tourisme.
-Allez ! Je te propose de te faire demain une visite au site de Chellah. Il y a des vestiges romains et une nécropole de l'époque mérinide. Surtout, suite aux récentes pluies, nous avons fait une découverte hallucinante. Je la laisserai comme surprise. Alors ?
-D'accord. Un ami à moi viendrai également.
-Parfait. Demain au même endroit à 9 heures pile du matin.

Dans la baignoire, Judith-Zohra se relaxa tout en jouant à faire des bulles de savon avec ses mains. Enfin, une visite archéologique pour de vrai, pensa la demoiselle.

Judith-Zohra se réveilla tôt le matin. En consultant son smartphone, elle trouva un message de Wilson envoyée à 2 heures du matin avec ceci : Désolé, je ne peux pas venir le matin. Je t'appellerai pour plus d'explication.

Que veut dire le message ? Il se dérobe ou quelque chose de dernière minute l'a prévenu de son projet ? En essayant de l'appeler, elle trouva toujours la boîte vocale. Elle se dit que quelque chose se trama. Mais quoi ?

A suivre...

dimanche 13 juin 2010

La fin dramatique de la cousine Ruth (2)

Gabriel Ohanna était un gynécologue-obstétricien connu à Paris où il est né d'un père marocain, cardiologue de son état, et d'une mère tunisienne. Fils unique, il a étudié la médecine à Paris et plus tard à Cornell où il a choisi la gynécologie comme spécialité. Plus tard, il est entré dans une ONG où il a sillonné plusieurs pays afin de prodiguer les soins aux populations nécessiteuses et acquérir plus d'expérience. Après 3 ans, il ouvrit un cabinet à Paris juste à côté de celui de son père tout en continuant le bénévolat avec d'autres collègues qui visitèrent les sans-papiers pour des consultations gratuites. On l'appelait non sans ironie "le bon Samaritain" et, en dépit de son look d'athlète et sa carrière réussie, il ne jugeait pas encore le temps venu pour avoir une partenaire. Pour lui, en plus du basket-ball et de la natation, le travail et le suivi des patientes étaient le plus important.

Un jour, un de ses collègues lui proposa de participer à un speed-dating.

-Une occasion en or afin de trouver la fille de tes rêve. C'est drôle que tu n'as pas de petite amie alors que tu t'approches de la trentaine.

-Ah bon ?  En fait, ça ne me tente pas vraiment. Et en plus, je me demande comment sera la réaction des candidates si je leur dis que je suis gynéco. Elles auront des idées folles sur moi.

-T'inquiètes !  Essaie et tu vas voir. On ne sait jamais.

Plus tard, ils arrivèrent dans un restaurant branché où le speed-dating fut organisé. Il y avait du monde et on attendait le départ avec impatience. Gabriel a un défi de taille : s'expliquer en un laps de temps devant une dizaine de candidates et de les convaincre que c'est un bon parti. S'il ne réussissait pas, au moins il aurait essayé. Une des candidates fut Ruth qui vint avec ses amies passer samedi soir après une semaine studieuse. Ce fut à cet instant qu'ils ont eu le coup de foudre entre eux. 2 semaines plus tard, ils sortaient ensemble et même Ruth a pu faire connaissance à ses parents. Puis tout à coup, Gabriel n'a plus de nouvelle de Ruth et ses tentatives de la contacter furent veines. Suivit une courte période où le jeune praticien découvrit le chagrin au point que tout le monde s'inquiéta pour lui : cabinet délaissé, seul enfermé dans sa chambre en train de lire ses livres et écoutant à son baladeur. Un jour, durant ses rares navigations sur le Net, il tomba par hasard sur un billet d'un blog parlant du scandale. Ayant vite compris la raison, il se changea et descendit prendre sa voiture à destination de l'INALCO. Il attendit en face plusieurs heures, impatient et en plein froid glacial de l'hiver parisien. Puis il vit les étudiants sortir de l'institution mais aucune trace de Ruth. Gabriel commença à se demander si Ruth a disparu pour de bon. Soudain, il sentit une présence humaine à côté de lui.

-Qu'est ce que tu veux ?! Je n'ai plus envie de te voir ! Je ne veux pas que je te salisse ta réputation ! Cria Ruth avec un air désepéré.
-Pourquoi tu n'as pas pris le temps de m'expliquer ? Tu penses que disparaître résoudre le problème en disparaissant ! Bon, allons discutons ça ailleurs.

Ruth accepta l'invitation et ils discutèrent dans un coin loin des regards dans un café pas loin de l'école. Elle expliqua à cœur ouvert le sujet et Gabriel l'écouta avec attention. A la surprise de celle-ci, le gynécologue lui montra tout son support et il était prêt de prendre sa défense. Ayant compris sa détresse, il l'invita même à habiter chez ses parents. Tout à coup, Ruth enlaça Gabriel avec ses bras et lui dit tout en pleurant : "Merci beaucoup ! Merci !"

Le temps passa et Ruth devint comme un membre de la famille de Gabriel. Il faut dire que la mère surtout n'avait pas apprécié l'idée d'héberger l'étudiante. Mais face à l'insistance du fils et du père qui lui a rappelé un souhait à elle : avoir une fille. Voilà l'occasion. Et une complicité fut établie avec la mère de Gabriel. La mère de Ruth et sa sœur étaient les seules à connaitre ces détails.

A la fin des études et le début de son activité de traductrice dans un cabinet de traduction, la relation entre Gabriel et Ruth s'officialisa avec sa demande en mariage. Il s'est même déplacé avec son père pour réconcilier la fille avec son père juge et demander sa bénédiction, ce qui a été chose faite avec une condition : que la cérémonie de mariage se déroulerait au Maroc. Le père et le fils acceptèrent.

L'été arriva et le couple prirent leur congé annuel. Déjà, les préparatifs étaient en cours et les parents du jeune marié sont déjà à Casablanca chez les Boukhebza. Dès leur sortie du terminal de l'aéroport, un comité d'accueil l'attendait déjà avec des youyous et des cris de joie. Plus tard, Ruth et Gabriel ont été installé dans une voiture différente avec les accueillants. Puis, le convoi des voitures démarra avec en fanfare.

Judith-Zohra était à l'époque au début de sa carrière de médecine légale. De loin, elle a suivi les péripéties de Ruth en gardant son contact avec elle. En entendant son mariage au Maroc, elle décida d'y assister à la cérémonie. Après l'accord de sa hiérarchie pour une semaine de congé, elle partit préparer son voyage. Elle se connecta sur le Net pour acheter un billet d'avion quand elle reçut un appel de sa mère.

-Allo maman ! Ca y est je suis en train d'acheter le billet...
-ARRÊTE TOUT ! ARRÊTE TOUT !

Judith-Zohra, étonnée, entenda un bruit de fond trahissant des cris et des pleurs. Elle comprit la gravité de la situation.

-Ma fille ! dixit sa mère tout en essayant de retenir ses larmes, Ruth est morte il y a peu. Le mariage n'aura plus lieu !

La demoiselle, choquée, laissa tomber son mobile par terre et s'effondra sur le fauteuil de son bureau. Son visage devint grave et commença à pleurer en silence. Elle apprit plus tard que la voiture dans laquelle était Ruth a été écrasé par un conteneur mal placé sur la remorque d'un poids-lourd. Les demoiselles qui accompagnaient la fille étaient décédées aussi sur le coup. Judith-Zohra a mis du temps à se remettre de ce choc. Elle espère durant son passage de visiter le tombeau de Ruth dans le Cimetière Isréalite après le Shabbat. Quant à Gabriel Ohanna, traumatisé par la perte de sa bien-aimée, s'acharna dans son travail pour oublier son chagrin. Aux dernières nouvelles, il s'est marié il y a 2 années avec sa secrétaire et attendent la naissance de leur premier enfant.

-Voilà, Judith ! On est en plein centre de Casablanca. Tu te rappelles encore de l'adresse ?

A suivre...

dimanche 16 mai 2010

La fin dramatique de la cousine Ruth (1)

"Ruth est morte il y a peu. Le mariage n'aura plus lieu !"

La cousine Ruth était la personne que Judith-Zohra s'entichait le plus. Ruth Boukhoubza était ainée de 10 ans de Zohra. Malgré la différence d'âge, elles avaient une relation plus entre 2 sœurs que de cousines, surtout que Judith-Zohra était l'unique fille de sa fratrie & Ruth fille unique. Ruth adorait porter Judith-Zohra quand elle était bébé et, voulant jouer la maman, changeait même ses couches et préparait ses repas au regard amusé mais attendri des parents. Une babysitter quoi.

Au fur et au mesure des années, leur relation devenait de plus en plus forte. Elles se confiaient entre elles et étaient solidaires. Quand l'ainée aidait la cadette dans ses devoirs et ses révisions, la dernière la couvrait quand elle sortait avec ses copines du lycée Lyauté faire la fête ou voyait son petit-ami de l'époque. En un mot : complicité.

Hélas, peu de temps après le 12ème anniversaire de Judith-Zohra, une série d'évènement mettent leur relation à l'épreuve. Déjà, après avoir eu son bac en lettres, elle quitta pour étudier les langues sémitiques à l'INALCO à Paris. Ce fut un déchirement surtout pour Judith-Zohra qui perdit ainsi sa protectrice et sa confidante. A 16 ans, un scandale s'éclata : un ex-petit ami du lycée de Ruth, n'ayant pas digéré sa séparation avec elle, décida de mettre en ligne une série de photos d'elle en bikini dans la plage ou bien en petite tenue dans ce qui apparait comme une salle de coucher dans un blog où il se vanta qu'elle fut la meilleure trophée dans sa conquête féminine. L'affaire était le sujet de prédilection dans le lycée de la Mission française ainsi que celle de la jeunesse dorée. Les conséquences ont failli être désastreuses pour Ruth. D'après ce qu'entendait Judith-Zohra dans le commérage entre sa mère et sa tante maternelle, le père de Ruth, juge du tribunal rabbinique de Casablanca, a décidé de couper les vivres à sa fille pour la presser à revenir et a maintes fois failli de renier sa fille qui "l'a déshonoré" dans la communauté. Durant les échanges d'emails entre les filles, Ruth rassura Judith-Zohra inquiète de sa situation et du fait qu'elle ne pouvait pas venir au Maroc à cause du scandale. Plus tard, quelques années après le décès de Ruth, Judith-Zohra apprit que ses parents, en consentement avec la mère de Ruth, envoyaient de l'argent en secret à la cousine derrière le dos du père. Des années plus tard, Ruth termina avec brio ses études à l'INALCO et devint traductrice en arabe et en hébreu.

Puis vint Gabriel Ohanna dans sa vie...

A suivre

samedi 27 mars 2010

Triste histoire d'autoroute

Comparer l'axe autoroutier Rabat-Casa avec le réseau autoroutier américain c'est comme comparer une souris avec un éléphant. Le gigantisme américain est un concept difficile à appliquer au Maroc, suiveur de la tradition française. Cependant, il y a plus de verdure dans les abords de la route & des différentes scènes de fermes, d'usines, de friches, de maisons... On pouvait même voir l'océan de loin, sans parler de ligne de chemin de fer. Au moins, pour Judith-Zohra, ça change du béton & du bitume des autoroutes américaines.

Pour une fois, je ne suis pas dépaysée. Quelque chose d'intéressant ici. Pensa Judith-Zohra, posant sa tête sur la fenêtre.

Le flux sans l'autoroute était d'une cadence rapide. Voitures & camions roulaient à vive allures au point de se demander si c'était plutôt une course. Au grand étonnement de Judith-Zohra, des gens plutôt aventuriers traversaient l'autoroute à pieds. La petite Spark de Michael devait slalomer, courir & réduire sa vitesse au fil de la route. Soudain, la fluidité déconcertante a cédé sa place à un bouchon à l'entrée de Casablanca.

-Non, encore un bouchon ! Pourvu que ce n'est pas encore un accident. Cela fait un bout de temps que je roule ici mais je ne fais jamais confiance aux routes marocaines.
-Ça ne m'étonne pas. Les routes ici sont à se méfier & il faut être assez fort. & encore ! On m'a raconté qu'on devait se méfier de certains trançons & surtout les ponts. Certains bandits jettent des pierres sur les véhicules pour les immobiliser ou provoquer les accidents & de dépouiller  les occupants.
-Tu me fais peur là, Judith-Zohra. Quand même, on dirait le far-west. S'étonna Michael.

Le flux était au ralenti. La Spark roulait & s'arrêtait sans cesse. Plus tard, les 2 occupants virent une ambulance, une fourgonnette de police & plusieurs personnes en uniformes entourant une berline noire renversée au côté. Vitres brisées & carrosserie écrasée...& 3 corps cachés par des tissus attendant des bandoulières brancardiers de les transporter vers l'ambulance. On pouvait même voir les traces des freins & des éclats de verre & de métal.

-Mon Dieu ! On dirait que ceci remonte il y a quelques minutes. Je n'aimerai pas être à leur place.

Alors que Michael commenta, Judith-Zohra était en train de filmer la scène morbide avec son appareil-photo numérique. Sachant la sensibilité des policiers en général devant tout genre d'objectifs, elle le fit discrètement. 2 minutes plus tard, la circulation a repris son cours.

Le spectacle macabre n'a pas fait d'effets sur l'experte. Cependant, ceci lui fit remonter un souvenir douloureux qu'elle essayait de le refouler à maintes reprises depuis le début de son adolescence.

A suivre...

Note de l'auteur :
L'irrégularité de la publication de mon roman-blog tient au fait que j'ai besoin d'inspiration et surtout de la volonté. Force de constater que des fois, j'ai failli laisser tomber à maintes fois. Je suis content que des lecteurs s'y intéressent. Merci pour l'encouragement.

samedi 13 février 2010

Début de formation...

Le reste de la nuit n'avait rien d'exceptionnel. En outre, le lit était tellement douillet que Judith-Zohra ne se préoccupait plus de son environnement. Elle dormait profondément.

"Toc, toc !"
La demoiselle encore dans les bras de Morphée.

"Toc, toc !"
Elle refusa toujours de se réveiller.

Et le smartphone entra en jeu.
Elle se réveilla contrariée.

-Allo, Judith ! C'est Michael. Tu vas être en retard ! Il est déjà 10 heures vingt ! Tu vas rater ton rendez-vous !

Sans sentir, elle se leva du lit, fit une petite toilette, mit rapidement un pull léger rouge et une robe moyenne colorée et sortit rapidement vers le lobby de l'hôtel. Ce fut l'affaire de 10 minutes.

-Apparemment, le décalage horaire te joue des tours. Il va falloir dormir plus après l'entrevue avec M. Ray.
-Tu peux arrêter pour un moment de parler ? Tu m'énerves là !
-Bon, Ok! Je n'ai rien dit ! En attendant, prends le temps d'admirer un peu le paysage de Rabat. On ne sait jamais, surtout si tu veux sortir pour faire du shopping.

L'envie d'écorcher Michael vivant & de l'exhiber comme sujet de cours d'autopsie traversait l'esprit de Judith. Mais bon, ce serait quand même dommage faire un supplice comparable à ce collègue qu'elle le connaissait depuis leur formation à Quantico.

Ce fut la première fois que Judith-Zohra visitait Rabat. Une honte pour elle quand il suffisait d'une 1h30 environ pour y atteindre depuis Casablanca. Adolescente, elle aurait aimé visiter les monuments mais ses amis lui avaient déconseillé sous ce prétexte : Ennuyeuse à mourir. Bien sûr, sans parler de son programme chargé entre école, cours de sport & de langues étrangères imposés par sa mère. Ce fut l'un des griefs de la fille envers sa mère mais, en apparence, cela a donné ses fruits.

La réunion entre Judith-Zohra & Stanley Ray fut brève & plutôt informelle. Après une présentation brève, ils ont discuté sur les objectifs & le programme de formation convenu & dont elle devrait s'acquitter. Ray expliqua aussi à Judith-Zohra un peu sur le mode de pensée & de travail de ses futurs étudiants, tout en lui disant : "Tu es d'origine marocaine, alors ce ne sera pas difficile pour toi de les comprendre" .

Mon œil ! Apparemment vous ne comprenez rien aux marocains. Longtemps que je ne suis pas venue ici & en plus, vu mon nom, certains risquent de me confondre avec une militaire israélienne. Bonjour les dégâts !

A la fin, Ray explica à Judith-Zohra sur l'épineuse question du logement. Elle ne restera pas trop longtemps à l'hôtel. Un appartement à Agdal a été mis à disposition durant son séjour &, sécurité & discrétion obligent, elle ne devrait parler de sa mission à personne, même pas à sa famille. Michael sera en quelques sortes son chauffeur & accompagnateur, du moins pour le début. Elle accepta mais sans être convaincue : c'est de la mise en tutelle tout court pour elle. Le début de la formation fut fixé pour lundi & il était vendredi matin.

A sa sortie de l'antenne, J-Z a eu un coup de tête.

Tu es libre, non ? On part à Casablanca toute de suite.
QUOI ?! Mais où ? Je ne connais pas Casablanca & le trafic me fait peur là-bas !
Je veux y aller. J'y passerai shabat là-bas avec la famille.
& depuis quand tu es devenue pratiquante ? Je te connaissais agnostique limite athée, mais là, j'y comprends rien.
& je t'ai demandé quelque chose toi ?! Tais-toi & roule ! Je suis impatiente de voir les miens.
Si Madame désire...

GRRR, elle m'énerve celle-là ! Rien ne m'empêche de la... non même pas la peine ! La dernière fois que quelqu'un a essayé de faire ça avec elle a été obligé d'être alité pendant une semaine. Non, trop idiot ! On se calme...

La petite Chevrolet Spark fit son chemin parmi les voitures, camions & autocars dans l'autoroute bondée. Le coeur de J-Z commence à battre de plus en plus, la chamade.

Suite...