dimanche 5 septembre 2010

Vie normale...et Wilson

Après un week-end de retrouvaille avec la famille lors du Shabbat et après avoir effectué dimanche matin un hommage à sa défunte cousine Ruth au cimetière israélite en plein quartier populaire, Judith-Zohra retourna à Rabat avec Michael.

-Alors, comment ça s'est passé le repos sabbatique ?
-Au moins, j'ai eu l'occasion de revoir la famille et les amis. Ce n'est pas tous les jour qu'on peut faire ça, surtout avec un temps de travail chargé et imprévisible et le prix exorbitant du billet d'avion. Surtout, c'est la première fois depuis longtemps que j'observe le chabbat, de la part d'une scientifique à la limite agnostique, disait-elle avec un sourire.
-Veinarde va ! J'avais un rendez-vous avec une fille qui travaille dans le consulat américain de Casablanca hier soir dans un restaurant. Puis, je découvre qu'elle a été accompagné par son mari marocain. Ça s'est bien passé mais j'avais la honte.Une malchance !
-Depuis qu'on se connait, je me demande sur ton attirance à toute fille qui soit elle est fiancée ou mariée. Ton cas est grave on dirait. Ricana-t-elle.
-Bon, j'arrête ! Fulmina Michael. Tu connais l'expression "Interdit de parler au machiniste"? C'est maintenant ! Point barre !

Pour une fois que cet humour noir fasse rire l'experte médico-légale, c'est plutôt bon signe.

Le lundi, Judith-Zohra commença son travail. Durant les six mois, elle enseigna les dernières méthodes en matière d'investigation scientifique ainsi que les techniques médico-légales. Son auditoire était suspicieux au début suite à des bruits prétendant que Judith-Zohra Cohen serait israélienne à cause de son nom. Le premier jour, devant les bénéficiaires de la formation, elle repliqua :
Vous avez mon nom. Vous pouvez faire une recherche sur Internet pour lire mes publications sur la médecine légale et la criminologie. Je suis avant tout une marocaine et fière de l'être tout comme le fait d'être américaine. N'hésitez pas à me demander si vous avez une question et je n'ai pas de secret à cacher.

Nous n'étalerons pas sur la suite. En général, la formation et les travaux pratiques sur le terrain a permis aux agents et aux experts des laboratoires scientifiques de la Police et la Gendarmerie d'améliorer leurs méthodes d'investigation. Judith-Zohra n'eut pas le droit d'intervenir dans les enquêtes mais on pouvait lui demander des conseils techniques. La formatrice n'hésita même pas de faire appel à des collègues à Cuppertino via video-conférence dans des questions techniques complexes.

A part le travail, la vie privée de Judith-Zohra consistait de passer Chabbat avec la famille. Elle évitait de parler de son travail à son entourage, disant tout simplement qu'elle était médecin généraliste. Quand le temps le permettait, elle faisait une virée avec quelques amies qu'elle garda contact. Les premiers jours, elle fut hébergée dans un hôtel le temps de lui trouver un hébergement. Ensuite, un appartement lui a été alloué à Agdal. Elle avait comme consigne de prévenir son supérieur et son collègue Michael de ses déplacements hors travail et d'être la plus discrète possible. Les soirées, elle restait dans son appartement travaillant sur son séminaire, corrigeant les copies des participants et un compte-rendu de sa mission. A ne pas oublier qu'elle était une accro au travail.

Arriva la fin de la mission de formation. Dans la salle de formation et en présence de plusieurs responsables, Judith-Zohra remercia tous les participants pour leur attention et remit à chacun son certificat. Plus tard, une collation a été organisé en son honneur. Cependant, elle n'y resta pas longtemps et a parlé brièvement à quelques personnes de l'attendance. Elle fut en période de règle. Alors Michael l'accompagna vers son immeuble et la laissa à l'entrée. Pendant 3 jours, elle ne sortit pas de son appartement et Internet et la télé étaient les seuls liens avec l'extérieur. Heureusement que le frigo fut plein.

A l'antenne du FBI à l'ambassade américaine, un toast fut organisé à l'honneur de Judith-Zohra Cohen. Elle devait retourner à New York dans quelques jours. La petite fête fut simple et conviviale et même le second de l'ambassadeur fut présent. Pas la peine de s'y attarder. Le soir, alors qu'elle rédigea son rapport, sa messagerie électronique l'informa de la venue d'un nouveau message. Elle l'ouvrit et trouva ceci :

Salut Judy,

C'est Wilson, ton ancien camarade de la classe au lycée. Le type intello mais gaffeur. On m'a informé par le biais d'un ami à l'ambassade que tu quittais le Maroc. Si je savais que tu étais ici depuis longtemps, je t'aurai appelé avant.

Actuellement, je travaille dans une mission archéologique au site de Chellah, pas loin de Salé. Très interessant mais dur devant l'état de délabrement de certains monuments et le problème recurrent des chasseurs de trésor qui nous bousillent le travail. En tout cas, on discutera de ça et de nos parcours autour d'un café.Réponds-moi le plus vite possible.

Sincèrement.

Wilson

Le lendemain, ils se rencontrèrent dans un café au dessous de l'appartement de Judith-Zohra. Elle prétexta devant lui sa présence par le fait qu'elle a animé une formation médicale au profit des femmes pour l'USAID. Quant à Wilson DEFOE, après le lycée, il s'est déplacé à Boston afin d'étudier la linguistique et plus tard l'archéologie à l'université où il a obtenu la doctorat. Ayant participé dans plusieurs missions dans le monde, celle du site archéologique de Chellah fut la dernière en date.

-Ainsi, tu nous quitte. C'est vraiment triste.
-En effet, j'aurais aimé aller au Nord visiter Chaouen et même aller en Espagne. Mais bon, je ne suis pas en tourisme.
-Allez ! Je te propose de te faire demain une visite au site de Chellah. Il y a des vestiges romains et une nécropole de l'époque mérinide. Surtout, suite aux récentes pluies, nous avons fait une découverte hallucinante. Je la laisserai comme surprise. Alors ?
-D'accord. Un ami à moi viendrai également.
-Parfait. Demain au même endroit à 9 heures pile du matin.

Dans la baignoire, Judith-Zohra se relaxa tout en jouant à faire des bulles de savon avec ses mains. Enfin, une visite archéologique pour de vrai, pensa la demoiselle.

Judith-Zohra se réveilla tôt le matin. En consultant son smartphone, elle trouva un message de Wilson envoyée à 2 heures du matin avec ceci : Désolé, je ne peux pas venir le matin. Je t'appellerai pour plus d'explication.

Que veut dire le message ? Il se dérobe ou quelque chose de dernière minute l'a prévenu de son projet ? En essayant de l'appeler, elle trouva toujours la boîte vocale. Elle se dit que quelque chose se trama. Mais quoi ?

A suivre...

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